Loin de Douala, un roman Initiatique Camerounais Moderne: Un Dialogue avec Max Lobe

LOIN DE DOUALA, UN ROMAN INITIATIQUE CAMEROUNAIS MODERNE

UN DIALOGUE AVEC MAX LOBE

Né à Douala en 1986, Max Lobe grandit dans une famille de sept enfants. Il arrive en Suisse à l’âge de 18 ans, deux ans après l’obtention de son Bac. À Lugano, il suit des études de Communication et journalisme. Passionné d’histoire et de politique, il suit un Master en Politique et Administration publique à l’Institut des Hautes Etudes en Administration Publique de Lausanne. Il est établi aujourd’hui à Genève.

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PAR SALIHA HADDAD

Cette interview a prit place entre Genève en la Suisse et Laghouat en Algérie, par email.

Saliha: Bonjour Max, Je me présente, je suis Saliha Haddad, intervieweuse littéraire chez Africa in Dialogue, enseignante et écrivaine.

Je suis très ravis de faire cette interview avec vous alors merci beaucoup d’avoir accepté cette invitation a une conversation. Comment allez-vous?

Max: Bonjour. Je vais très bien et vous même?

Saliha: Je vais bien aussi merci beaucoup.

Je pense que c’est la première fois que je lis un écrivain Camerounais et ça m’a beaucoup enchanté et m’a donné envie de découvrir plus d’auteurs du voisin Africain. L’an passé j’ai commencé à découvrir l’Afrique grâce a des romans de différents auteurs  que j’ai lus comme le Nigeria, le Ghana ou encore la Tanzanie. Alors que j’ai envie de continuer a exploré plus d’auteurs du continent africains j’ai trouvai que les livres sont inaccessibilité en Algérie. J’ai remarqué ce phénomène dès que j’ai commandé un livre ici dans mon pays à plusieurs librairies et je ne l’ai pas trouvé, mais je ne suis pas la seule car j’ai vu sur des espaces littéraires Africains sur internet que d’autres personnes de plusieurs pays du continent ont eu le même constat chez eux. Qu’est que tu pense de ce problème? Et a ce que t’a rencontrer les même problèmes quant a la distribution de vos romans en Afrique?

Max: Oui ceci est un problème réel. La distribution des livres d’auteurs africains en Afrique. Il manque, et ça nous le savons depuis longtemps, des politiques du livre concrètes en Afrique, notamment en Afrique Noir. 

Je crois que des fonds privés doivent participer à la circulation du savoir auprès des jeunes dans leurs pays respectifs. Investir dans la culture (même dans les livres!) ne qu’être rentable pour nos sociétés.

Saliha: Oui je pense aussi que les fonds privés peuvent ramener des solutions, et je pense aussi que les ministères des cultures des pays Africains doivent collaborer ensemble pour trouver des solutions concrètes, et mettre des mesures efficaces pour la distribution des livres, dans les pays Africains et entre elles.

Loin De Douala est un livre plein de rebondissements, on part en un voyage excitant à travers le Cameroun avec les deux personnages principaux Jean et Simon qui sont à la recherche de leur frère et ami Roger qui est parti pour rejoindre l’Europe. Le voyage permet aux lecteurs de découvrir non seulement le pays mais aussi les frustrations, les rêves, les envies et les secrets des personnages. Parle moi plus sur le processus de ton écriture de ce merveilleux roman ? Et a ce que il y’a des romans initiatiques en particuliers qui l’ont influencé?

“Je n’ai jamais eu peur, genre vraiment peur, en Afrique. Nulle part, peu importe le pays Africains, je n’ai aucune peur.”

Max: Les Domaines Hantés de Truman Capote. Le titre en Anglais est Other Voices, Other Rooms. Le personnage de Joel Harrison dont la mère de meurt en Louisiane doit faire le voyage jusqu’au Mississipi pour retrouver son père qui les avait abandonné. 

Pour Loin De Douala, j’étais moi-même au Cameroun. J’ai moi-même fait ce voyage entre Douala et Maroua. C’était en 2015, je crois. Je savais que j’avais envie d’aller voir directement la réalité de Boko Haram dans le nord du Cameroun. Et ce voyage a donné une fiction: Loin De Douala.

Saliha: Très envie de découvrir ce livre, j’aime beaucoup les histoires ou les personnages partent en voyage. Je pense que ça me permet un peut de voyagé partout. Mais c’est aussi toujours excitant de voir comment les personnages évoluent au cours des voyages.

Le roman traite de beaucoup de thèmes important tels que le terrorisme qui continue toujours en plusieurs pays en Afrique. Personnellement j’ai toujours évité de lire sur ce sujet car c’a m’a toujours effrayé. Mais  récemment j’ai lu le roman de Yasmina Khadra sur la décennie noir en Algérie A Quoi Rêvent Les Loups et ça m’a donné le froid dans le dos d’imaginer l’état du pays durant ces années puise que j’étais un enfant durant cette période mouvementé. Si lire sur le sujet est difficile je n’imagine pas en écrire. A ce que c’était difficile pour vous d’écrire sur le terrorisme? Oui, comme tu le mentionne ici et dans une vidéo pour les Editions Zoé qui a publier votre roman Loin De Douala en français, vous avez dit que vous avez emprunté les même chemins que les deux personnages Jean et Simon, et on voit toute la peur, l’anxiété et la frayeur de ces garçons a mesure qu’ils avancent vers le nord. A ce que vous aves aussi vécu les même émotions lors de votre voyage?

Max: Non, je n’ai pas peur. J’ai toujours voulu être reporter de guerre. J’aime bien ce genre de situations « dangereuses ». Loin De Douala ne parle pas uniquement du terrorisme islamique. Il est davantage question des fanatismes: chrétiens, islamistes et même footballistique. Il est aussi question du Boza: aller en Europe à pieds. Moi je me concentre sur le voyage à l’intérieur du Cameroun. Pas question de traversée de la Méditerranée etc. Non. Avant de prendre le désert du Sahara et la Méditerranée, on part de quelque part et ce quelque par c’est notre maison familiale. C’est le cas de Roger. 

Donc non, je n’ai jamais eu peur, genre vraiment peur, en Afrique. Nulle part, peu importe le pays Africains, je n’ai aucune peur. 

Saliha: Oui c’est vrai en quelque sorte Roger reflète le fait que chaque individu qui emprunte la route vers l’Europe a sa propre histoire, famille, et motivations. En Algérie on appelle la Boza  «hargua», c’est intéressant de voir les mêmes phénomènes dans différents pays avec des différentes appellations. Et d’ailleurs beaucoup de scènes du Cameroun que vous avez décris me rappelle des scènes de l’Algérie.

 Le narrateur navigue des relations compliqué avec son frère Roger, vers le quel il sent beaucoup de sympathie car il est l’enfant chuchoter de leurs mère. Et en plus de cette relation complexe avec son frère il a encore une qui plus complexe avec son Simon (pour ne pas trop spolier je ne dirais pas plus). A ce que les mots Simon envers de Jean vers la fin du livre et les pensées du narrateur indique vraiment ce que je pense—qu’il a conclu son voyage initiatique et a grandi de ses sentiments?

Max: (Rire) tout à fait. C’est un voyage initiatique pour Jean du point de vue de son émancipation de sa mère, mais aussi de découverte de ses préférences charnelles. Mais tout cela est mené avec douceur et liberté. 

Avec le personnage de Jean, je voulais montrer les interrogations les plus banales (et les plus significatives) d’un jeune homme noir qui apprend à se connaître lui-même et aussi ceux qui l’entoure. Je voulais montrer la nuance à adopter pour ne pas verser dans le banal, pour éviter une vision stéréotypée de ces questions très sensibles, notamment en Afrique. 

Saliha: Ce sont belle et bien des questions fondamentaux. J’aime beaucoup le personnage de Jean justement parce qu’il se pose beaucoup de questions su lui-même et ceux qu’il l’entoure. Et j’adore la langue dont vous avez utilisé pour le laisser s’exprimer comme quand il pense aux femmes que Simon fréquente ou encore la policière : une langue réaliste et directe d’un jeune. (J’avoue que ça m’a un peut fait rire des fois).

Dans la famille du narrateur, je constate que le personnage de la mère et Jean s’oppose d’un sens aux personnages de Roger et son père, les premiers sont plus sentimentales, intellectuelles  et spirituelles alors que les derniers sont plus forts physiquement et extravertie. Pouvez-vous me dire plus sur cette dynamique familiale? Et a ce que cette relation oppositionnelle finalement n’avait besoin que de peut avant de faire exploser la famille et que la menace y régner déjà?

'A Long Way from Douala' by Max Lobe
'A Long Way from Douala' par Max Lobe

Max: C’est l’un des sujets principaux du livre et que l’on tend souvent à oublier: la dynamique familiale. Je voulais parler d’une famille qui se fragilise puis se déchire littéralement. 

Vous savez, dans une famille, surtout disons les familles nombreuses, les enfants ne développent pas le même types de relation avec leurs parents et encore moins entre eux, les enfants. Je suis le 5e d’une famille de 7 enfants. Et je peux dire, empiriquement, que des oppositions voire des conflits familiaux peuvent naitre de ces différences à l’intérieur de la famille. 

Mais n’oublions pas aussi que la mère a subi des violences qui l’ont conduite au mariage.

Saliha: Oui une violence qui l’a marqué beaucoup marqué âpres dans le future, même si on comme lecteurs on le sait pas jusqu’a la fin.

Vous avez déclaré dans le journal Le Monde en 2017 que ça vous sidèrent d’écrire des même sujets que vos prédécesseurs des années 50 et 60 tel que Ahmadou Kourouma, comme si finalement rien n’à changer en Afrique. A ce que vous penser que l’écriture à échouer d’une façon d’attirer l’attention sur les problèmes pour les changé ou a ce que finalement les pouvoirs qui garde les pays d’Afrique en même état stagnante et beaucoup trop forte? 

Max: Wow! Quelle question! Il me faudra 4 livres pour y répondre (to be continued).

Saliha: (rire) Ce n’est pas grave.

Max: Je pense que tout dépend de ce dont on parle. L’éducation par exemple a avancé. Quelques infrastructures liées davantage à la globalisation qu’au développement même des pays dont nous parlons. 

Mon interview en 2017 dans Le Monde faisait suite à ma réception du prix Kourouma pour mon roman Confidences sur la guerre de libération du Cameroun. À ce sujet, rien n’a ´vraiment ´ changé. Ceux qui sont au pouvoir au Cameroun sont des sujets des vainqueurs de la guerre (France + UK). Ils n’ont donc aucun intérêt à enseigner notre histoire, à nous enseigner à être fiers de nous. 

Je finirai en disant que la vraie richesse de l’Afrique aujourd’hui c’est sa population. Il faudra bien la former, l’éduquer. C’est très important pour éviter, plus tard, la haine et le fanatisme. 

Saliha: En tant qu’écrivain vivant en dehors du Cameroun, à ce que l’écriture vous donne la sensation d’un retour a la maison, même temporaire?

Max: Oui, avec tous mes textes, je retourne un peu, du moins mentalement, au Cameroun. Et de vrai, je vais très souvent en Afrique, pas seulement au Cameroun d’ailleurs.  

Saliha: Merci beaucoup max d’avoir pris le temps de répondre  à mes questions et merci d’avoir écrits ce merveilleux livre.

Max: Bizou. Accolades de Genève.

Crédit photo pour l’image vedette de Max Lobe: Guillaume Megevand.

Saliha Haddad

Saliha Haddad est professeur d’anglais à l’université à temps partiel en Algérie. Elle est diplômée en littérature et civilisation anglaises en 2015. Elle est intervieweuse de fiction pour le magazine en ligne Africa in Dialogue. Elle a écrit sur des sujets culturels pour la plateforme en ligne algérienne Dzair World et pour le magazine papier et en ligne Ineffable Art and Culture. Sa première pièce non romanesque a été publiée dans le magazine africain Agbowó.

SALIHA HADDAD

intervieweur pour fiction

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